MOONRITE + The JACKETS, mercredi 4 novembre, le Maily’s,
Grenoble
Le pédigrée des
deux frangins faisait bien saliver par avance. Ce qui fut confirmé par les deux
titres révélés sur leur Facebook. Et par ce deuxième concert de l'histoire de
Moonrite. Pour le moment tout marche par deux chez eux, le talent aussi est
double !
Musicalement on
oscille entre une inspiration qui vient du 60's Rock, entre Organ & Garage
et via le Crazy World Of Arthur Brown (ça fait plaisir de tomber sur un groupe
qui se revendique d'eux) on bascule vers des titres plus sombre tribal
horrorifique qu'on verrait bien en bande originale de film de sorcières des
70's flamboyante, et qui pourraient allé vers la musique que certains groupes
de Shock Rock comme on l'aime chez Rise
Above Rds.
Enfin ça c'est
pour donner un cadre assez large, qui devrait être confirmé par leur 1er
album à venir chez Soundflat Rds
(attendu impatiemment ici) pour le prochain printemps. En attendant ils étaient
là devant nos yeux et plein nos oreilles au Maily's et putain quel pied !
Puissance et
mélodie, danse et tripale... Comme du Garage Kraut Stoner Punk mais avec la saveur unique que leur donne leur formule.
J'espérais que ce
concert serait bon.
Il fut colossal !!!
Après ça je me
disais qu'il ne serait pas évident au trio suisse d'enchainer devant un public
venu nombreux mais quand même beaucoup par curiosité pour découvrir Moonrite.
Mais bien sûr il
n'en fut rien !
The JACKETS sont
sans conteste LE meilleur groupe live de la scène Garage Punk européenne.
Une rythmique acérée,
puissante et précise (genre les Woggles de la meilleure époque)
Et une guitariste
qui utilise la Fuzz de façon parfaitement mélodique et accrocheuse qui sert des
chansons qui sont des instant-hit.
Et bien sûr il y a
sa voix ! C'est tellement mieux pour un groupe d'avoir LA chanteuse idéale pour
son style. D'autant que c'est en plus une bête de scène capable de conquérir
toute l'assistance sans en faire des tonnes. C'est d'ailleurs une des immenses
qualités des Jackets : la justesse de ce qu’ils font : AU MAX sans jamais trop tirer
la couverture à soi !!!
Il y a 7 ans je
voyais les Jackets pour la 1ère fois sur scène et ça reste un des 20
concerts (sur presque 1500) que j'ai préféré dans ma vie !
Ce soir-là à
Grenoble ils / elle ont tout simplement confirmé cet état de fait !
J'ai dansé, sauté,
chanté, hurlé comme un crétin ! Une pure libération !!!
Retour à la maison
les fringues direct dans le tambour de la machine à laver et le bonhomme sous
une douche brulante pour éliminer toute la sueur qui avait coulé à flot...
Je suis tellement
heureux d'avoir vu un concert de ce type et 2 groupes aussi excellent que ça à
Grenoble.
Bravo à tous ceux
et celles qui ont rendu cela possible
Et VIVEMENT LE
PROCHAIN !
(Merci à Monsieur Chris Youks pour les photos)
[BT]
TALIA
Thugs they look like angels
Send The Wood Music / Season Of Mist
3ème album
pour ce trio qui est une découverte pour moi. Et quelle belle découverte !
Une sorte de
collision musicale entre les Pixies, Fall Out Boys et Jimmy Eat World. Je sais
que ces deux derniers n’ont pas une grosse cote par ici, pour autant ceux qui
aiment les mélodies musclées un peu amer et les chansons qui ont du fond savent
de quoi je veux paarler.
Talia me rappelle
aussi parfois Buffalo Tom quand ils se
concentraient sur des titres directs et tendus.
A sa réception
puisqu’il est distribué par Season Of
Mist je m’attendais à un album orienté Métal, pourtant la pochette aurait
dû me mettre sur la voie, comme le titre de ce disque…
Alors Talia un
groupe Post Emo Core qui aimerait la Power Pop et l’Indie Rock sauce 90’s ?
Indéniablement !
Tout autant qu’un
trio qui perpétue la tradition du Power Trio qui balance avec élégance et brio
un Rock musclé et bien Pop, avec l’obsession de ciseler des chansons intelligentes
et efficaces. Le tout en faisant valser les étiquettes !
[BT]
KYLESA
Exhausting fire, LP, CD, Digital
Season Of Mist
Pour les grincheux
qui pensent que rien ne s'invente de nouveau en musique, ce début de 21ème
siècle montre le contraire avec l'émergence de cette très excitante scène ‘Post
Métal’. Si certains de ces ses membres déçoivent depuis quelques temps (Baroness
est devenu très ennuyeux, Mastodon est rentré dans la norme depuis 2 albums)
KYLESA prouve une fois de plus leur maitrise, leur ambition et leur talent.
Ici les titres
s'enchainent ce qui donne un côté concept album et fait partie des éléments qui
apporte un vent un peu Progressif à ce disque. Pourtant les parties Métal
et Post Hard Core sont toujours bien là ! Cette fois Kylesa semble avoir encore
plus synthétisé ce qui fait son unicité : le côté légèrement polyrythmique
grâce à la présence d'un percussionniste en plus du batteur, les duels de
guitares Noisy, que pondèrent parfois les claviers, et cette alternance entre
les voix. Féminine et masculine, mais aussi entre les passages mélodieux
parfois feutrés et les moments hurlés qui restent cependant toujours en accord
avec la musicalité du titre. Ici ça ne beugle pas, au contraire Kylesa a
développé une technique et une sonorité de chant où l'agressivité et l'harmonie
cohabite : impressionnant !!!
Une fois encore le
travail sur le son et les tessitures sont subjuguant !
Tout ceci concourt
à rendre cet album perçant, vibrant, remuant, tout à fait hors de la norme, ambitieux,
grand et grandiloquent (dans le sens le meilleur de la chose).
Sa richesse
harmonique, rythmique et l'étendue de son spectre en font une œuvre qui se
redécouvre à chaque écoute, loin des disques cleanex qui pullulent.
Depuis 'Static
tensions" Kylesa s'est clairement lancé dans une nouvelle direction
musicale bien plus technique et ambitieuse, le chemin est beau et à chaque
étape ils me donnent envie de les accompagner sur leurs pas de géants...
Voici le disque
que j'ai le plus écouté / disséqué / aimé ces 2 derniers mois avec le Clutch.
Un album plein sans aucun moment lassant.
Bien sûr ce qui
marque dès le 1er passage c'est la gigantesque relecture façon Mazzy
Star du 'Paranoid' de Black Sab, qui aurait pu totalement fagocité l'album
tellement ils / elle refont un nouveau tube de cette chanson iconique.
Cependant dès la 3ème écoute il apparaît que cette reprise n'est
pas, et loin s'en faut, le meilleur titre de "Exhausting Fire".
Un album TITANESQUE !!!!
[BT]
MATHIAS ENARD
Boussole
Actes Sud
Voilà c'est la 1ère
fois de ma vie que je lis un Goncourt (même si je l'ai fini la nuit précédant
l'attribution du prix) mais au moins je suis sûr que celui-ci est très
largement mérité.
Ça faisait
peut-être 10 ans que je ne m'étais pas fait embarqué à ce point par le livre
d'un romancier que je découvrais... Les derniers m'ayant fait cet effet-là ont
été 'L'homme dé", et "Les rois écarlates" de Tim Willocks (avant
que les critique ne le persuade qu'il est un grand écrivain et qu'il nous ponde
des gros livres au lieu de grands livres).
Au niveau de la
façon de tordre les phrases et d'utiliser le rythme ce 'Boussole' me fait un
peu penser au meilleur de Nick Tosches ou à Philippe Garnier, 2 écrivains qui
sont au sommet de mon panthéon. Comme eux Mathias Enard est un homme issu d'un
monde ancien (perdu ?) où l'érudition était une valeur.
A travers ce roman
il nous raconte cette époque révolue mais pas si lointaine, morte étouffée par
l'ultra consumérisme égoïste, les réseaux sociaux et leurs réactions ultra
conservatrices et barbares.
Je n'ai jamais
rien lu de Mathias Enard avant cela et si j'ai ouvert ce roman c'était dans
l'objectif de préparer une émission sur la rentrée littéraire. Bien m'en a pris
!
On avance un peu
lentement dans ce livre vaste comme un monde, et même comme plusieurs, qui vous
écrase et vous englue... comme le désert.
Evidement ce roman
trouve son origine dans la situation actuelle du Moyen Orient, c'est elle qui
déclenche aussi la longue insomnie du narrateur qui est également, plus que
clairement, la nôtre !
L'insomnie et la
maladie, tout comme la décrépitude du corps de celui qui raconte ce sont les
symboles de notre situation collective face à un monde qui nous fil entre les
doigts et auquel on ne comprend plus rien !
Après avoir
emprisonné la planète entre ses griffes l'occident est devenu un vieillard
arthytique qui n'est plus capable de retenir les fils du pouvoir.
Pour une fois la 4ème
de couverture est brillement écrite sans excès ni exagération c'est d'ailleurs
ce qui m'a convaincu de lire ce roman. Et sachez que les excellentes critiques
obtenus par ce sur-brillant roman ne sont pas exagérées.
Oui il y avait
bien longtemps que je n'avais pas été aussi emballé et embarqué par un livre.
Et encore plus longtemps qu'une écriture singulière n'avait pas fait entendre
sa voix avec une telle force.
C'est aussi le
récit d'un rat de bibliothèque qui a malgré tout la tentation et un peu d'élan
pour partir se confronter au réel, mais est trop veule pour vivre vraiment sa
vie et sa passion pour une femme à la très forte personnalité. Et qui donc la
regarde et la raconte par procuration.
Une ode à
l'intelligence, consolatrice dans ce monde où les cons ont pris le pouvoir.
Sans doute parce que nous avons abandonné le combat.
[BT]