jeudi 31 décembre 2015

Chroniques : BETUNIZER + DON JOE RODEO COMBO + NO STRANGE



BETUNIZER
Enciende tu lomo, LP, CD, Digital
BCore Disc
Whaoo il claque bien le baigneur celui-là. 4ème album en 5 ans d’existence de ce trio espagnol, qui pratique un Post Hc très fortement teinté de Noise.
Dr Jekill & Mister Hyde semble être présent dans leur musique, entre la désincarnation quasi robotique et froide de la rythmique métronomique, et, le magma incandescent des guitares et de la voix.
Syncrétique avec ses relents Indie 90 et Alt Rock late 70’s Betunizer profite en plus du côté ‘exotique’ du chant (écorché) en espagnol pour imposer un style ! Oui oui un style ! Dans un album compact et qui secoue au maximum vos habitude et oreilles pour votre plus grand plaisir !!!
Jamais maniériste ni prétentieux mais toujours pertinent et aventureux. Découvert approuvée par le festival ATP (qui se penche trop rarement sur les groupes ‘vivants’ pour rater ce type d’adoubement, s’il vous reste un peu de désir de découverte).
[BT]


DON JOE RODEO COMBO
S/t, LP + CD inclus
Pop Sisters Rds / PIAS
Je ne peux pas dire que ça partait fort pour cet album. Pochette passe partout, nom sans trop de caractérisation, et surtout chant en français.
Mais finalement ça va vraiment quelque part !
Parce que pour que je m’enthousiasme pour un disque en français il faut que ça sorte largement du lot. Surtout de la part d’un groupe de Rock. De vrai ROCK.
Alors pourquoi ?
Ben c’est dur à dire !
Je pourrais vous parler des bonnes références de ce Don Joe Rodeo Combo (le groupe du leader des excellent Indian Ghost), de la reprise de Gainsbourg version Rock, des adaptations des poèmes de Barbey D’Aurevilly, Nerval, Gautier (ce qui au vu de l’immense patrimoine de la poésie en français, et vu la pauvreté des paroliers actuels devrait être une ressource plus largement pillée…), de l’adaptation en français de ‘Ramblin’ Rose’ (ce qui frise pour moi le crime de lèse-majesté)…
En fait ce qui me plait vraiment dans tout ça, c’est autre chose : le groupe de Rock !
Une sorte de croisement idéal entre les Dogs (qui eux aussi se sont aventurés avec réussite dans le chant en français), le Bashung de la période guitares (avant la période disques prétentieux pour Télérama), le génial Christophe de la période Rock étrange (juste après la brillante époque du chanteur à minettes, et avant l’ensevelissement ‘Artistique’), et Jérome Pijon pour l’efficacité des chansons à chantonner dans la bagnole !
Jubilatoire quoi.
[BT]


NO STRANGE
Universi e trasparenze, 10’’

Area Pirata / Psych Out Rds
Encore un disque bien bien partit (dans l’espace je veux dire, que celui-ci soit : sonore, mental ou intersidéral) signé par les toujours excitants No Strange
Tout d’abord la présentation de ce 25 cm est magnifique : vinyle blanc marbré (et une gravure très réussie, claire & puissante) livré dans une pochette plastique transparente… pour coller au thème.
Un visuel ultra psychédélique qui est comme un avant-goût du contenu.
Car en 5 titres No Strange rend hommage à ceux qui les ont influencés :
Popol Vuh, The Nice, Le Stelle di Mario Schifano, Terry Riley, La Monte Young pour nous livrer encore un disque qui est du pur NO STRANGE en dépit de ces reprises… Ou grâce à leur transcendance !
Depuis plus de 30 ans No Strange développe, explore et dispense une musique ultra psychédélique et aventureuse (soit avant les minets Indie des années 10) et ils font ça avec une personnalité inégalée !
Voici donc encore une occasion de s’en repaitre… dans un format véritablement aventureux !

[BT]


mardi 15 décembre 2015

Chroniques : WILD CHILD + The BOYS + SHOPPING + ADAM And The MADAMS



WILD CHILD
The next decline, CD
Celluloid / Rue Stendhal
Pour ceux qui n’auraient jamais écouté, je les qualifierais de Proto Punk avec une petite touche Hard Rock (limite Metal 70 par moment) eux se réclamaient des Doors (heureusement pour mes oreilles je trouve que ça ne s’entend pas trop) et autres Stooges, ce qui transparait un peu. Cependant Wild Child est assez loin de ces groupes français qui sévissaient dans les 70’s et n’étaient que de pâles copies, eux ont une personnalité !
J’avais découvert ce groupe via un article dans Enfer Magazine au milieu des années 80 ainsi que grâce à un autre dans Best sensiblement à la même période, et donc leurs albums ont été longtemps sur ma want-list à l’instar de ceux des Froggies ou des Kalashnikov. J’ai finalement réussit à dégoter leur 2ème album « Death Trip » (qui est d’ailleurs réédité remastérisé lui aussi de la même façon c’est-à-dire par leur ingénieur du son de l’époque) au moment où tout le monde bradait sa collection de vinyles au moment du basculement vers le tout CD, remember ? Maintenant le basculement de la mode s’est effectué dans l’autre sens et se sont des CDs que je peux acheter à prix dérisoires (ce qui est parfait vu qu’entre-temps je suis devenu pauvre, et que j’aime bien le format CD, peut-être même que je suis assez pervers pour trouver ça mieux).
Donc après leur 1er single et leur 1er album remastérisé, sur ce CD s’enchaînent les titres de leur 3ème album qui n’était jamais sorti. Le fameux « The next decline ». Qui frappe d’entrée par un son différent, incisif et incandescent !
Musicalement on reste dans les même eaux mais en plus ouverts et aventureux !

Et il est évident que cette première édition de ce disque ‘perdu’ est une GRANDE idée ! De quoi compléter la collection de tous les vrais fans de Rock’n’Roll barbelé !!!



The BOYS
Undercover – Live in China, LP, CD
Action Rdz
ENFIN IL SORT EN VINYL !
Punk un jour, Punk toujours : alors qu’ils débarquent en Chine les gars de The Boys découvrent que leur tournée dans ce pays est annulé par décision du ministère de la culture. Un concert secret est cependant organisé et c’est celui-ci qui se retrouve sur ce disque enregistré en janvier 2015.
Comme j’adore les albums live et que j’adore The Boys évidement ce disque est fait pour moi. Mais pas seulement, il est fait pour tous les fans de Rock torride !
13 titres des BOYS venant de toute leur discographie, avec les classiques attendus mais aussi pas mal de chansons extraites du récent et formidable « Punk Rock Menopause » qui s’intègrent parfaitement à une set list qui fait figure de Hit List !
Le quintet capturé sur scène est au mieux de sa forme musicale : précis et incisif, puissant et toujours mélodieux. Bref la quintessence de la musique si particulière des BOYS : Punk 77 + Power Pop + Rock éternel qui aboutit à tout un tas de chansons résolument catchy, mémorables et jubilatoires.
Encore un disque indispensables dans la discographie sans faute des BOYS !!!
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SHOPPING
Why choose, LP, Cd, Digital
Fat Cat Rds / Differ-Ant
2ème album pour ce trio mixte londonien, après un 1er autoproduit ils débarquent chez Fat Cat Rds qui semble être un label parfait pour eux.
On pourrait qualifier leur musique de Post Punk Indie Disco et on donnerait une idée de ce qu’ils font. Avec leur chanteuse qui évoquerait une Siouxie joyeuse et Pop, parfois relayée par une voix masculine qui se pose tout aussi bien sur leurs chansons.
Indéniablement marqué Post Punk mais point trop ténébreux, assez primesautier / dansant parfois dans la lignée de Bow Wow Wow. Shopping tire son épingle du jeu sur les 12 titres ici présents en construisant un album au spectre musical très cohérent, mais où les variations de tempo, rythmique, voix, ambiance… démontrent la richesse de leur musique. Qui parfois peut évoquer l’Indie de Brooklyn de la fin des années 00, et aussi, Adam 1 The Ants ou les Slits.
Une découverte enthousiasmante ! 
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ADAM And The MADAMS
A&TM, CD, Digital
Bloody Mary Music Rds
Le 1er titre de ce 2ème album du trio fait très Pixies meets Pianosaurus. Indie Rock délicieusement 90 avec grosses parties bricolo Noisy Brooklyn 2010 pour un ensemble qui sonne bien dans l’air du temps, dans ce qu’il a de plus syncrétique.
Adam And The Madams aime les dialogue féconds entre orgues/claviers et guitares qui tirent vers les belles années 80 (un peu) ou vers le Psyché (mais pas trop).
Un disque accrocheur dès la première écoute. Avec 8 titres variés et intéressants de bout en bout.
Belle pochette peinte à la main sur un mini sac en toile de jute… un vrai truc Arty Bricolo… qui est le parfait emballage pour cet album minutieux jusqu’au bout des ongles (rongés, bien sûr).

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dimanche 13 décembre 2015

Chroniques: JEREMY + GREUS + ROCK HARDI n°48 + CLUTCH



JEREMY
Not of this world, CD
Jam Recordings
Chez Jam Recordings ils aiment le format CD, ça tombe bien moi aussi, ce qui leur permet de sortir des albums longs (cf. le formidable disque de The Lemon Clocks chroniqué il y a peu ici), ici 70 mn, et ,très bons !
En général mon avis sur la question des albums aussi long est souvent mitigé, mais pas dans le cas de ce « Not of this world » qui est un disque aussi complet et intense de bout en bout. Et donc oui dans ce cas plus s’est long plus s’est bon.
Chaque seconde de ce disque respire la passion pour la musique de la même façon qu’elle transpirait sur les disques que publiait Parasol Rds dans les années 90. Dans un genre différent. Une référence pas totalement innocente car ici aussi on aime l’efficacité (Power) Pop des chansons.
Car si Jeremy s’abreuve de Psychédélisme depuis de nombreuses années sa passion de la musique ne se restreint pas à un seul champ. Par ailleurs il serait plus réaliste de dire qu’il trace son sillon à travers les 40 ans d’histoire des PsychédélismeS. Et que ce pluriel est très important pour qualifier sa musique qui n’est pas une énième ressassée sans saveur.
Avec ses sonorités un peu synthétique Jeremy le groupe crée une ambiance très particulière, un peu paradoxale, mais tout à fait propice à mettre en valeur ses mélodies !
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GREUS
S/t, LP, Digital
BCore Disc
Ce duo espagnol batterie / guitare n’existe que depuis 2 ans mais ses protagonistes bourlinguent dans la scène Indie / Noise / Hard Core… depuis 15 ans. Ils citent comme références Unsane et Cathedral ce qui me ravie, et surtout n’est pas loin de bien situer leur musique !
5 titres pour 30 mn de : progressive Post Hard Core instrumental (à part quelques cris et une ébauche de chant). Parfois on peut entendre une cavalcade digne du Thrash Metal canal historique, et d’autre fois la lourdeur du Doom le plus agressant. Bien qu’en définitive ce ne soit pas un groupe Metal !
Greus produit du son pour faire voyager dans sa tête en laissant dériver son esprit (s’il vous en reste un)… Avec un batteur qui a une frappe lourde, puissante,nprécise, et un guitariste qui cherche à sortir des choses intéressantes de sa guitare / amplis / pédales…
Bref Greus prouve que la scène espagnole regorge toujours de groupes hargneux et palpitants !
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ROCK HARDI n°48
68 pages A5
Whaoo elle claque bien la couverture de ce nouveau numéro ! Comme à chaque fois avec Rock Hardi c’est une commande à un dessinateur, en l’occurrence Jean-Marie Arnon ici interviewé.
Au sommaire également des entretiens avec : Keith Richards Overdose (un groupe brillant, qui place 2 titres sur le CD sampler qui accompagne ce fanzine, des versions remasterisées de leur 1er EP). On poursuit avec les survivants magnifiques du Rock frenchy Sonic Angels (qui offrent en plus un inédit).
Après 6 pages de chroniques de romans noirs, BD, et fanzines, on enchaine avec un entretien en compagnie de Tio Manuel qui lui aussi offre un titre inédit. Jaromil Sabor et tout seul mais ses chansons sont deux. The Hands aussi répond à l’interview et pose 2 extraits (un de leur 1er album l’autre du prochain à sortir courant 2016).
Les suisses de The Staches passent à la question et déposent une chanson sur le CD compil. Les Missing Souls ne font que répondre mais on a déjà tellement leurs titres dans la tête (et dont le 2ème single sortira chez Hidden Volume bientôt)… le Lonseome Dog Arkestra nous raconte son projet et nous le fait entendre en double.
Puis le boss du label Hidden Volume se découvre et nous fait entendre 2 groupes de son catalogue : The Stents et le Kurt Baker Combo.
On poursuit avec une double dose de Little Bob : une interview à propos de son nouveau combo, et, une présentation de sa discographie ! Et pour finir rien de moins que Cantharide et deux titres inédits de plus sur le CD.
Et à tout ça vous rajouter 15 pages de chroniques qui font découvrir des tonnes de disques excitants !
Le tout pour seulement 7 euros le fanzine et son CD.
Rock Hardi, 3C rue Beausoleil, 63100 Clermont-Ferrand

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CLUTCH
Psychic Warfare, LP, CD, Digital
Weathermarker
Ce qui est passionnant avec Clutch c’est qu’il est presque impossible d’expliquer pourquoi ce groupe est aussi UNIQUE.
Car au final qu’est-ce qui les distingue de la meute de groupes ‘Heavy Rock’ qui court après eux ? Presque rien. Mais c’est tellement immense.
Tout d’abord Clutch ne rentre dans aucune catégorie, mais à crée la sienne !
Ensuite… ben je dirai qu’ils transcendent les éléments constitutifs de LEUR musique. Qu’elle est-elle ?
Disons Blues Hard Core !?! Car Clutch mélange ces deux courants, y ajoute un peu de Hard Rock voir même une pincée de Metal 70’s. Pour aboutir à un ROCK bien big ! Qui est comme celui-ci devrait toujours être : mal élevé, irrévérencieux, inventif, instinctif. Animal with a brain je dirai.
De plus sur ce ‘Psychic Warfare’ comme sur son prédécesseur ‘Earth rocker’ Clutch sublime sa propre formule pour aboutir à un IMMENSE ALBUM : intense, sexy, puissant, brillant !

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mardi 8 décembre 2015

Chroniques: NOT SCIENTISTS + LANDSCAPE TAPE + RED GOES BLACK + JEFFREY LEWIS & LOS BOLT



NOT SCIENTISTS
Destroy to rebuilt, LP, CD, Digital
Kicking Rds / Pias
Attention il faut un peu se méfier de ce disque. Il rend vite addict ! De plus on pourrait avoir une idée fausse de ce quartet qui sort là son 1er album (après 2 minis)… Vu leur pédigrée on pourrait s’attendre à un certain type de musique… et au finale le résultat sur ce disque est assez différent… Mais très bon.
Pop Punk ensoleillé, entrainant, très mélodique, avec une rythmique assez sautillante, un gros travail mélodique sur les guitares. Et beaucoup de voix et de chœurs… Les chansons sont diversifiées et percutantes avec toujours un côté très accrocheur que ce soit sur les mid tempo ou sur les titres plus rythmés. Et parmi les 11 morceaux de cet album il y a une bonne poignée de tubes ! Le quatuor de briscards démontre une facilité d’écriture qui les situe pas loin de Bob Mould ou Superchunck. La class !
Une régalade !!!
[BT]
En concert : Mercredi 16 Décembre : BERRI TXARRAK (Punk Rock Metal, Euskadi) + NOT SCIENTISTS (Pop Punk Rock)  +  SUPER MUNK (Power Pop Punk), au Warm Audio, à Décines (69)
Et :
Jeudi 17 Décembre : NOT SCIENTISTS (Pop Punk Rock) + DEMON VENDETTA (Surf puissant) + CAPITAL YOUTH (Punk Rock Garage) + SUPERMUNK (Power Pop Punk), à l’Usine, à Genève.
Et :
Vendredi 18 Décembre : NOT SCIENTISTS (Pop Punk Rock)  SUPERMUNK (Power Pop Punk) + 95C (Local Punk Band), à La Lucarne, à Chamonix (74). Gratuit.


The LANDSCAPE TAPE
DIP & BED, CD, Digital
Wanton Wanker Rds
Psyché tirant vers le Rock Indie 90 avec un côté maladif dégingandé et bancale. Pop véritablement Noisy ou Noise franchement Pop. Une petite touche Post Punk se rajoute à l’ensemble pour produire une belle ribambelle de tubes Lo-Fi ambitieux !
Chansons où le travail sur les sons, tessitures et mélodies et tout autant accomplit ! Un dialogue très fécond entre la guitare et les différentes sortes de claviers charpente les 14 titres ici présents. Une œuvre où le travail de construction / déconstruction / reconstruction du home studio en fait un véritable instrument supplémentaire.
Une démarche à la fois cérébrale et organique qui aboutit à un album tout à la fois minimaliste et foisonnant ; épuré et complexe.
Beaucoup de sonorités de claviers et d’orgues différentes et recherchées ce qui donne une grande profondeur à ce 2ème album qui s’apprivoise progressivement mais se découvre et redécouvre beaucoup et souvent ! Une musique qui vous hante avec plaisir !!!
[BT]


The RED GOES BLACK
I quit you dead city, LP, CD, Digital
Hold On Music / Wagram
Il m’a fallu un moment pour rentrer totalement dans cet album. Dès le départ j’ai trouvé les chansons bonnes cependant j’ai eu du mal à me faire au son du disque. Qui est un peu éloigné des standards sur gonflés actuels. Un choix de production (assurée par Collins Dupuis connu pour son travail avec les Black keys, Lana Del Rey, Dr John, Hanni El khatib, Lee Fields…) un peu ‘rétro’ mais pas puriste, qui se révèle judicieux sur la longueur puisqu’il permet de mettre totalement en valeur le gros travail effectué sur les tessitures et sonorités notamment des claviers/orgues.
Musicalement sur son 1er album The Red Goes Black pratique une Soul musique matinée de Blues où l’on sent bien le background Rock des protagonistes du groupe. Ce qui donne un résultat qui est dans l’esprit Heavy Soul de Paul Weller, avec l’adjonction de petites fragrances Psyché. Et une minuscule touche Garage qui colore agréablement le Rhythm & Blues de The Red Goes Black qui n’ignore pas l’héritage Pub Rock.
Au final nous voici avec un album bien chaud qui agite les popotins, fait secouer la tête et réchauffe l’âme !
[BT]


JEFFREY LEWIS & LOS BOLT
Manhattan, LP, CD, Digital
Rough Trade
Ça faisait un bail que je n’avais pas eu de nouvelles de cet artiste new yorkais n’ayant pas fait la chasse à ses albums je reste sur l’impression de son concert à Grenoble il y a 7 ou 8 ans. Ça avait été un moment live totalement hors du temps et de ce qui se fait habituellement.
Alors que vaut la cuvée 2015 de Monsieur Lewis ?
Eh bien je dirai quelle est à la fois fidèle au personnage et également assez surprenante pour se hisser à la hauteur de ce qui est surement son album le plus (légitimement) populaire « 12 Crass Songs » sur lequel il reprenait façon (anti) Folk les hymnes de Crass. Sur ce « Manhattan » il atteint la même pertinence avec ses propres chansons !
On y entend un orchestre’ minimaliste Los Bolt qui enlumine les chansons de Jeffrey Lightning Lewis d’orgues, guitares, percus, voix féminines et diverses sonorités bizarres. Pour arriver à des titres qui s’étirent un peu avec langueur (comme pendant une nuit trop chaude d’un été new yorkais).
Comme d’habitude Jeffrey Lewis a laissé son travail de crob’artiste mettre en image le livret accompagnant le disque qui raconte sous la forme d’une mini BD (très) colorée l’histoire de cet album.
Merveilleux !

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samedi 5 décembre 2015

Chroniques: MAGIC & NAKED + DIG IT n°65 + MADJIVE


MAGIC & NAKED
S/t, LP, Digital
Casbah Rds
Psyché Love Pop voilà comment ce quatuor genevois définit sa musique ! Une étiquette qui en vaut une autre et qui qualifie assez clairement ce que contient ce 1er album. Tout comme leur patronyme très bien trouvé.
Donc de la Pop Psyché et très aérienne, notamment dans sa façon très évanescente de faire arriver les voix qui semblent survoler les mélodies comme un dirigeable planant.
Un disque à la beauté vaguement mélancolique, aux charmes surannés, limite Pastels (à plus d’un titre)…
Une vision du Psychédélisme très élastique qui explore 40 ans du genre de façon veloutée !
Pourquoi Psyché Love Pop ? Surement parce que leurs mélodies s’insinuent en vous en douceur, avec amour et s’y développent avec bonheur.
[BT]


DIG IT n°65,
56 pages A4 noir et blanc, 5 euros
En tant qu’abonné je suis toujours heureux quand je vois dans ma boite aux lettres l’enveloppe contenant le nouveau Dig It fanzine. Et ce n° 65 attaque très fort dès sa couverture.
Et comme d’habitude le sommaire est un régal ! Dans sa rubrique JJ Says Mister JJ Rassler (le guitariste originel de DMZ, entre autre) nous raconte la 1ère fois qu’il a vu Screamin’ Jay Hawkins quand il était enfant et la frayeur qu’il a eu : de quoi conditionner toute une vie de Rock’n’Roll. Et ensuite un long et très intéressant entretient avec le duo féminin Mr Airplane (une vraie belle découverte pour moi). Puis une interview des formidables 3 Headed Dog (dont j’adore toujours le 1er album chez Closer Rds). Une fort longue conversation avec Bart l’homme derrière Frantic City (label, tourneur, organisateur de concerts…) et les formidables Skeptics (ex Pneumonias, Mean Things, Double Cheese, Wild Zeros, Flying Over…) il en a des choses intéressantes à raconter ! Les Dividers ont sorti un 1er album fort bien troussé chez Casbah Rds et ils nous en parlent ici. Vient alors la 2ème partie de la Kim Fowley story le sur actif Animal Man méritait bien une telle rétrospective. Sur 6 pages Monsieur Patrick Foulhoux nous fait partager ses coups de cœurs musicaux, littéraires, et DVD. J’adore. Vient le tour de Pascal Comelade et des Liminanas de parler de leur collaboration. On à droit à un compte rendu détaillé du Cosmic Trip n°19, ça donne envie d’être présent à la 20ème édition. Ensuite on détail lors d’un entretien au long court avec Robin (Mama Rosin, Duck Duck Grey Duck) le catalogue succulent de Moi J’Connais Rds. Enfin Amy Rigby nous raconte sa carrière avec ses groupes, en solo, et avec son mari Wrecless Eric.
Et comme si ça suffisait pas on vous rajoute 12 pages de chroniques dont quelques focus (notamment sur le très réussit dernier album en date des Pretty Things).
Voilà comme d’habitude avec le Dig It Fanzine j’ai fait un gros paquet de découverte.
Et comme je suis abonnée en plus au podcast (gratuit) du Mighty Dig It Radio Show j’ai droit à ma ration hebdomadaire (on peut les télécharger ici : http://digitradio.unblog.fr  ou s’inscrire pour les recevoir chaque semaine et passant par l’adresse mail en bas de cette chroniques) !
Abonnement 4 numéros = 20 euros. S’abonner est la meilleure façon de soutenir les fanzines et leur donner de l’allant, alors vous savez ce qu’il vous reste à faire !!!!
[BT]

MADJIVE
Wolves in the jungle, CD, Digital
Autoproduction
Il y a un moment que j’ai les oreilles ouvertes sur la musique de ce quatuor qui vient de pondre un nouvel EP 4 titres très vivifiant. Madjive pratique un Big Rock qui claque terriblement bien le beignet !
Quelque part entre un Punk’n’Roll (comme des Backyard Babies primitifs) et du High Energy Rock’n’Roll bien acéré. Avec un son direct et percutant, des riffs qui vous grattent les yeux et les esgourdes, une vraie science du break et du refrain.
4 décharges de pur Rock’n’Roll furieux straight in your face! Yeah great!
Le pied !
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mardi 1 décembre 2015

Chroniques: GLOCKENWISE + STATIC KINGS + LEMON CLOCKS + CJ RAMONES



GLOCKENWISE
Heat, LP, CD, Digital
Lovers & Lollypops
Mélange fin et subtil entre Garage Psyché actuel (sans les tics), Indie Pop late 80's et Power Pop estampillée 90, pour son 3ème album le quatuor portugais montre un brillant talent pour trousser des chansons attachantes et évolutives qui révèlent leurs charmes rapidement tout en distillant leurs poisons addictifs progressivement (soit une certaine idée de la meilleure méthode pour tomber amoureux).
Un titre comme "Tide" est le genre de tube qui catalyse la musique de ce mi-temps des années 2010 tout en la sublimant. Cette chanson comme d'autres sur cet album sans moment faible, montre à quel point Glockenwise est largement plus palpitant que les nombreuses figures reconnues de la micro scène de Frisco. Bref voici vraiment une chanson renversante qui vous colle au cœur et aux oreilles, et comme ça n'est pas la seule ici autant vous dire que ce pur album de feel good music tombe à pic !
Si Glockenwise utilise des pédales d'effets c'est toujours dans une idée de parcimonie pour rester proche de l'élégance de la ligne claire. Ainsi en est-il des claviers aussi.
Par rapport à leurs 2 œuvres précédentes ce 'Heat' est un rien plus lymphatique, surement parce que la chaleur à créer un désir moite de langueur ! Et la chaleur s’est BON !
[BT]

 
The STATIC KING
Upstream EP, CD, Digital
Sébastopol Rds
Indolent, mélancolique souvent surtout dans sa 1ère moitié, plus nervuré ensuite, mais jamais larmoyant ni ennuyeux. Riche et chaude grâce aux sonorités de l'orgue et autres claviers largement utilisé par ce jeune trio qui sort là son premier EP à la maturité qui abasourdie et subjugue !
6 chansons ultra convaincantes avec une vraie diversité de tonalité et une unité qui montre bien que Static King à une personnalité !
Rock + Pop sans sous étiquettes, avec aussi une âme et de la moelle.
Régalade complète !
En plus ils veulent jouer un maximum, alors vous savez quoi contactez les : sebastopolrecords@gmail.com 
[BT]


The LEMON CLOCKS
Time to fly, CD
Jam Recordings
Un des projets de Jeremy du Jeremy Band et boss de Jam Recordings qui sort là son 2ème album avec son trio qui doit tout à une idée élargie de la Pop Psychédélique qui va des Byrds aux Pretty Things de la période fleurs enfumées dans les cheveux... jusqu'aux relectures actuelles.
The Lemon Clocks s'amuse avec les idées habituelles du genre mais font ça avec entrain, plaisir, un vrai talent pour assembler les éléments disparates et aboutir à des chansons vachement bien chiadées comme on aurait dit dans ma jeunesse.
Outre son nom brillant ce groupe produit une musique qui se caractérise par un son très aigu / aigrelet tirant légèrement vers le synthétique, qui n'appartient finalement rien qu'à eux et explique pourquoi ils se revendiquent un peu de Tangerine Dream (sans le côté chiant, heureusement).
15 chansons follement emballantes pour 70 mn de musiques Pop qui aime la 12 cordes mais aussi la nervosité de la Power Pop et ne lasse jamais. Et ce, que ce soit dans le format le plus chansons (couplet / refrain couplet/refrain) ou dans les parties les plus étirées je suis toujours emballé par ce qui sort de mes enceintes. À tel point que j'ai du mal à croire que cet album dure vraiment 70 mn tant ces mélodies se coulent dans mes oreilles comme une évidence et font défiler le temps avec bonheur !
[BT]


CJ RAMONE
Last Chance To Dance, LP, CD, Digital
Fat Wreck Chords
Whaoo quelle bonne surprise de retrouver CJ Ramone, surtout avec un album aussi réussit (merci à Bruno Dangerhouse une fois encore pour ce conseil judicieux). J’avoue avoir un gros faible pour CJ (et pas seulement parce que je l’avais interviewé en compagnie de Johnny Ramone, na na na nair) mais parce que je partage le point de vu plusieurs fois évoquer dans « Sur la route avec les Ramones » : son arrivée dans le groupe a prolongé sa vie de plusieurs belles années, aboutissant à un de mes albums préféré des faux frères « Mondo Bizarro ».
A propos d’album revenons à celui-ci, le premier que j’écoute signé de son nom, en même temps ça n’est que son deuxième.
Déjà quel line-up : Steve Soto (guitare/voix, des Adolescents ex Agent Orange, entre autre), Dan Roots (guitare/voix lui aussi des Adolescents), David Hidalgo Jr (batterie, actuellement dans Social Distorsion), il y a même Tony Cadena (Adolescents toujours) qui vient chanter sur un titre !
Tout ça, et le fait que ce soit sorti sur Fat Wreck Rds,  pourrait faire penser à un disque de Hard Core mélo. Et bien non. Ok on n’en est pas loin. Mais d’une part on reconnait pas mal du côté Ramones, c’est bien le moins, sans que ce soit étouffant ou même malhabile. D’autre part on retrouve ici aussi des influences Surf Pop, Punk 77, Bubble Gum, et early Hard Core Us. Voir même Power Pop / Pop Punk. Sans côté une paire de chansons qui iraient parfaitement sur les meilleurs albums de The Boys.
Bref, un album qui fait plaisir, et où on le sent tout le monde c’est bien amusé !!! Un BON ALBUM comme on disait dans le temps (celui où cela suffisait, sans qu’on assaisonne avec des superlatifs inutile).
Si vous aimez ce genre-là sachez que vous voici avec le nouveau CJ Ramone en possession de bien autre chose qu’un disque de plus ;
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En concert : Lundi 7 Décembre : CJ RAMONE (Punk Pop Punk, ex Ramones, Usa) + The TRAP (Rock Garage), à l’Usine, à Genève.




samedi 28 novembre 2015

Chro : MOONRITE /The JACKETS + TALIA + KYLESA + MATHIAS ENARD



MOONRITE + The JACKETS, mercredi 4 novembre, le Maily’s, Grenoble
Le pédigrée des deux frangins faisait bien saliver par avance. Ce qui fut confirmé par les deux titres révélés sur leur Facebook. Et par ce deuxième concert de l'histoire de Moonrite. Pour le moment tout marche par deux chez eux, le talent aussi est double !
Musicalement on oscille entre une inspiration qui vient du 60's Rock, entre Organ & Garage et via le Crazy World Of Arthur Brown (ça fait plaisir de tomber sur un groupe qui se revendique d'eux) on bascule vers des titres plus sombre tribal horrorifique qu'on verrait bien en bande originale de film de sorcières des 70's flamboyante, et qui pourraient allé vers la musique que certains groupes de Shock Rock comme on l'aime chez Rise Above Rds.
Enfin ça c'est pour donner un cadre assez large, qui devrait être confirmé par leur 1er album à venir chez Soundflat Rds (attendu impatiemment ici) pour le prochain printemps. En attendant ils étaient là devant nos yeux et plein nos oreilles au Maily's et putain quel pied !
Puissance et mélodie, danse et tripale... Comme du Garage Kraut Stoner Punk mais avec la  saveur unique que leur donne leur formule.
J'espérais que ce concert serait bon.
Il fut colossal !!!


Après ça je me disais qu'il ne serait pas évident au trio suisse d'enchainer devant un public venu nombreux mais quand même beaucoup par curiosité pour découvrir Moonrite.
Mais bien sûr il n'en fut rien !
The JACKETS sont sans conteste LE meilleur groupe live de la scène Garage Punk européenne.
Une rythmique acérée, puissante et précise (genre les Woggles de la meilleure époque)
Et une guitariste qui utilise la Fuzz de façon parfaitement mélodique et accrocheuse qui sert des chansons qui sont des instant-hit.
Et bien sûr il y a sa voix ! C'est tellement mieux pour un groupe d'avoir LA chanteuse idéale pour son style. D'autant que c'est en plus une bête de scène capable de conquérir toute l'assistance sans en faire des tonnes. C'est d'ailleurs une des immenses qualités des Jackets : la justesse de ce qu’ils font : AU MAX sans jamais trop tirer la couverture à soi !!!
Il y a 7 ans je voyais les Jackets pour la 1ère fois sur scène et ça reste un des 20 concerts (sur presque 1500) que j'ai préféré dans ma vie !
Ce soir-là à Grenoble ils / elle ont tout simplement confirmé cet état de fait !
J'ai dansé, sauté, chanté, hurlé comme un crétin ! Une pure libération !!!
Retour à la maison les fringues direct dans le tambour de la machine à laver et le bonhomme sous une douche brulante pour éliminer toute la sueur qui avait coulé à flot...
Je suis tellement heureux d'avoir vu un concert de ce type et 2 groupes aussi excellent que ça à Grenoble.
Bravo à tous ceux et celles qui ont rendu cela possible
Et VIVEMENT LE PROCHAIN !
(Merci à Monsieur Chris Youks pour les photos)
[BT]


TALIA
Thugs they look like angels
Send The Wood Music / Season Of Mist
3ème album pour ce trio qui est une découverte pour moi. Et quelle belle découverte !
Une sorte de collision musicale entre les Pixies, Fall Out Boys et Jimmy Eat World. Je sais que ces deux derniers n’ont pas une grosse cote par ici, pour autant ceux qui aiment les mélodies musclées un peu amer et les chansons qui ont du fond savent de quoi je veux paarler.
Talia me rappelle aussi  parfois Buffalo Tom quand ils se concentraient sur des titres directs et tendus.
A sa réception puisqu’il est distribué par Season Of Mist je m’attendais à un album orienté Métal, pourtant la pochette aurait dû me mettre sur la voie, comme le titre de ce disque…
Alors Talia un groupe Post Emo Core qui aimerait la Power Pop et l’Indie Rock sauce 90’s ? Indéniablement !
Tout autant qu’un trio qui perpétue la tradition du Power Trio qui balance avec élégance et brio un Rock musclé et bien Pop, avec l’obsession de ciseler des chansons intelligentes et efficaces. Le tout en faisant valser les étiquettes !
[BT]


KYLESA
Exhausting fire, LP, CD, Digital
Season Of Mist
Pour les grincheux qui pensent que rien ne s'invente de nouveau en musique, ce début de 21ème siècle montre le contraire avec l'émergence de cette très excitante scène ‘Post Métal’. Si certains de ces ses membres déçoivent depuis quelques temps (Baroness est devenu très ennuyeux, Mastodon est rentré dans la norme depuis 2 albums) KYLESA prouve une fois de plus leur maitrise, leur ambition et leur talent.
Ici les titres s'enchainent ce qui donne un côté concept album et fait partie des éléments qui apporte un vent un peu Progressif à ce disque. Pourtant les parties Métal et Post Hard Core sont toujours bien là ! Cette fois Kylesa semble avoir encore plus synthétisé ce qui fait son unicité : le côté légèrement polyrythmique grâce à la présence d'un percussionniste en plus du batteur, les duels de guitares Noisy, que pondèrent parfois les claviers, et cette alternance entre les voix. Féminine et masculine, mais aussi entre les passages mélodieux parfois feutrés et les moments hurlés qui restent cependant toujours en accord avec la musicalité du titre. Ici ça ne beugle pas, au contraire Kylesa a développé une technique et une sonorité de chant où l'agressivité et l'harmonie cohabite : impressionnant !!!
Une fois encore le travail sur le son et les tessitures sont subjuguant !
Tout ceci concourt à rendre cet album perçant, vibrant, remuant, tout à fait hors de la norme, ambitieux, grand et grandiloquent (dans le sens le meilleur de la chose).
Sa richesse harmonique, rythmique et l'étendue de son spectre en font une œuvre qui se redécouvre à chaque écoute, loin des disques cleanex qui pullulent.
Depuis 'Static tensions" Kylesa s'est clairement lancé dans une nouvelle direction musicale bien plus technique et ambitieuse, le chemin est beau et à chaque étape ils me donnent envie de les accompagner sur leurs pas de géants...
Voici le disque que j'ai le plus écouté / disséqué / aimé ces 2 derniers mois avec le Clutch. Un album plein sans aucun moment lassant.
Bien sûr ce qui marque dès le 1er passage c'est la gigantesque relecture façon Mazzy Star du 'Paranoid' de Black Sab, qui aurait pu totalement fagocité l'album tellement ils / elle refont un nouveau tube de cette chanson iconique. Cependant dès la 3ème écoute il apparaît que cette reprise n'est pas, et loin s'en faut, le meilleur titre de "Exhausting Fire".
Un album TITANESQUE !!!!
[BT]


MATHIAS ENARD
Boussole
Actes Sud
Voilà c'est la 1ère fois de ma vie que je lis un Goncourt (même si je l'ai fini la nuit précédant l'attribution du prix) mais au moins je suis sûr que celui-ci est très largement mérité.
Ça faisait peut-être 10 ans que je ne m'étais pas fait embarqué à ce point par le livre d'un romancier que je découvrais... Les derniers m'ayant fait cet effet-là ont été 'L'homme dé", et "Les rois écarlates" de Tim Willocks (avant que les critique ne le persuade qu'il est un grand écrivain et qu'il nous ponde des gros livres au lieu de grands livres).
Au niveau de la façon de tordre les phrases et d'utiliser le rythme ce 'Boussole' me fait un peu penser au meilleur de Nick Tosches ou à Philippe Garnier, 2 écrivains qui sont au sommet de mon panthéon. Comme eux Mathias Enard est un homme issu d'un monde ancien (perdu ?) où l'érudition était une valeur.
A travers ce roman il nous raconte cette époque révolue mais pas si lointaine, morte étouffée par l'ultra consumérisme égoïste, les réseaux sociaux et leurs réactions ultra conservatrices et barbares.
Je n'ai jamais rien lu de Mathias Enard avant cela et si j'ai ouvert ce roman c'était dans l'objectif de préparer une émission sur la rentrée littéraire. Bien m'en a pris !
On avance un peu lentement dans ce livre vaste comme un monde, et même comme plusieurs, qui vous écrase et vous englue... comme le désert.
Evidement ce roman trouve son origine dans la situation actuelle du Moyen Orient, c'est elle qui déclenche aussi la longue insomnie du narrateur qui est également, plus que clairement, la nôtre !
L'insomnie et la maladie, tout comme la décrépitude du corps de celui qui raconte ce sont les symboles de notre situation collective face à un monde qui nous fil entre les doigts et auquel on ne comprend plus rien !
Après avoir emprisonné la planète entre ses griffes l'occident est devenu un vieillard arthytique qui n'est plus capable de retenir les fils du pouvoir.
Pour une fois la 4ème de couverture est brillement écrite sans excès ni exagération c'est d'ailleurs ce qui m'a convaincu de lire ce roman. Et sachez que les excellentes critiques obtenus par ce sur-brillant roman ne sont pas exagérées.
Oui il y avait bien longtemps que je n'avais pas été aussi emballé et embarqué par un livre. Et encore plus longtemps qu'une écriture singulière n'avait pas fait entendre sa voix avec une telle force.
C'est aussi le récit d'un rat de bibliothèque qui a malgré tout la tentation et un peu d'élan pour partir se confronter au réel, mais est trop veule pour vivre vraiment sa vie et sa passion pour une femme à la très forte personnalité. Et qui donc la regarde et la raconte par procuration.
Une ode à l'intelligence, consolatrice dans ce monde où les cons ont pris le pouvoir. Sans doute parce que nous avons abandonné le combat.
[BT]