Vendredi 17 Février : The SUNMAKERS + EYE’S SHAKER, au Poulpe, à Reignier
La 1ère fois que j’avais vu le duo batterie/orgue Eye’s Shaker j’avais trouvé ça pas mal. Plus de 2 ans et ½ après j’ai été impressionné ! Le son s’est épaissi et ils sont beaucoup plus détendus, donc plus à fond dedans et ça joue compact. Musicalement on dirait du Georgie Fame sans le rhythm & blues, joué plus vite et puissamment, avec pas mal d’effets sur la voix. Très très bien. Si ils virent l’inutile reprise de ‘Ace of Spades’ et les blablas ineptes entre les chansons ce sera terrible ! 5 mois après le vernissage de leur album ils attendent toujours leur disque. Du coup moi aussi.
The Sunmakers : comme j’aime beaucoup beaucoup leur album j’avais une grosse impatience sur ce concert ! Et je n’ai pas été déçu !!
1ère surprise le trio (2 gars une fille) est très jeune, alors qu’au vu de la maîtrise du disque je m’attendais à des briscards bien rodés. 2ème surprise qui ravit mes oreilles les Sunmakers se rappellent l’intérêt des aigus (en ces temps de limiteurs partout on n’en entend de moins en moins live) pas le choix quand tu es autant dans l’influence Surf qu’eux, certes, mais ça fait plaisir !!! Même si ça créé quelques petits problèmes de larsen.
Sur scène les Sunmakers c’est hyper dynamique, ça joue frénétiquement avec le staccato, ça twiste toujours un peu mais on sent moins le côté néo yéyé et beaucoup plus les effluves de Surf (reprise de Cavaliers, le batteur des Arondes avec eux sur cette tournée…).
Un vrai putain de bon moment ! La bonne baffe qui faut pour commencer le week-end !!
[BT]
Jeudi 23 février : EYE’S SHAKER (Garage Rhythm&blues, duo batterie/orgue), à l’Usine, à Genève. Prix libre.
PATRICK FOULHOUX
Le fond de l'air effraye
Abécédaire rock dérangé
(Pyromane Books)
De prime abord je n'étais pas très attiré par ce bouquin, même si je sais depuis l'époque Violence (le fanzine où il sévissait au début des 90’s) que Tad et moi on a des goûts bien compatibles et puis j'aime bien sa prose. Mais bon le côté compil moi ça m'a toujours gonflé, et je craignais l'assemblage bâclé de vieux papiers...
Mais pas du tout. On a là un court opuscule de 30 pages où, avec mauvaise foi (ce dont je me régale) Patrick 'Tad' Foulhoux défends SES groupes préférés !
Voilà, juste quelques tranches de Rock et de vie par un gars qui a bien roulé sa bosse depuis un bail (une grosse vingtaine quoi). Un presque vieux de la vieille qui a bien... un an de plus que moi, et qui défend les Nomads (notamment un de mes titres préféré du groupe), les Thugs, Union Carbide Production (oh oui oh oui), Zen Guerilla ou John King... pour moi c'est parfait !
Et la postface d'Alain Feydri est une merveille... comme une mise en bouche avant que celui-ci se livre au même exercice !?!
[BT]
François THOMAZEAU
Mods, la révolution par l'élégance
(Castor Music)
Ce petit livre pourrait n'être qu'une sorte de 'les mods pour les nuls' mais il s'avère que c'est mieux que ça. On a bien sûr une histoire du mouvement à travers le temps (et ses résurgences, notamment un bon passage sur la Northern Soul), et l'espace (hors de l'Angleterre quoi). Surtout il y a deux bons chapitres sur les influences du mouvement 'originel' qui a beaucoup puisé dans le cinéma, et un peu dans la littérature. Un des intérêts de ce petit livre ce sont les extraits d'interviews : de musiciens bien sûr (Paul Weller, l'organiste des Makin' Time, Francesco Grazza à qui l'auteur laisse pas mal de place pour payer sa dette puisque l'italien avait publié 'Mods : la rivolta dello style‘), de 'figures' du mouvement, et de quelques autres. Dommage que ce soit si court, mais sûrement qu'il n'était pas possible de publier plus long en France où le mouvement a eu si peu d'impact et si longtemps une mauvaise 'presse' de la part de l'intelligentsia... En tout cas F. Thomazeau tire le maximum de la place qui lui est dévolue.
[BT]
CHARLES WILLEFORD
"Dérapages"
(348 pages, Rivages/Noir)
J'ai bien accroché à son premier 'Miami blues', sans en garder un souvenir énorme. En revanche le deuxième 'Une seconde chance pour les morts' (comme la chanson des géniaux Flaming Stars) m'avait embarqué et tourneboulé. Voici la troisième (et avant dernière) enquête de Hoke Mosley. Un flic moyen du Miami des 80's (mais on n'y croise pas Don Johnson) à qui la vie n'a pas fait beaucoup de cadeaux. Et qui a des petits trucs de bout de ficelles qui lui permettent d'économiser 3 sous... Car une partie de l'intérêt de cette série, c'est de voir un flic qui surnage pour ne pas devenir un working poor, rester propre, digne et faire face. Même si pour cela il faut un tout petit peu s'arranger avec la loi…
S’il n'y a pas vraiment d'intrigue, si le rythme et presque inexistant et que Willeford se lance souvent dans de longues descriptions et bien... je suis scotché à ce livre et je me languis de pouvoir le poursuivre.
Et puis après sa lecture je dois laisser mon stylo au placard parce que pendant au moins un mois je vais inconsciemment tenter d'écrire dans une décalque de son style.
Publié en 1987 (à la fin des années Reagan) mais finalement ça se ressent peu, tellement la vie des gens ordinaires ne semble pas avoir changée : toujours besoin de jongler pour s'en sortir, c'était déjà la crise... une sorte d'état permanent dans le capitalisme (depuis que je comprends l'économie j’ai l’impression de ne connaître qu’une succession de crises, il date de quand le film de Coline Serrault déjà ?), sans doute parce que l’insécurité économique est la meilleure méthode pour maintenir les dominés à leur place ! Une histoire comme celle-là devait paraître assez inédite à l’époque. Elle commence par un inspecteur qui tombe en dépression. Un des narrateurs est retraité (et ça de toute façon c'est, même maintenant, quasi inusité dans un roman)…
Bref pas vraiment avec le polar banal. Après, ça vous parle ou pas. Moi beaucoup. Et il me reste un volume à la série à m'enquiller. Elle est pas belle la vie ?
[BT]