mardi 28 janvier 2014

Chroniques:WILDMEN + REVEILLE + ROLL IT


WILDMEN
S/t, LP, Digital
Shit Music For Shit People Rds
Depuis que j'ai découvert ce duo 'italien' par hasard j'ai toujours gardé une oreille sur leurs productions, dont la qualité n'a jamais faiblie. Et ça n'est pas ce 1er album qui va les faire retomber. Pour définir la musique de ce duo guitare/batterie leur label dit 'Raw Garage Pop'. Difficile d'être plus clair & proche de la réalité. Cet album est une sorte d'usine à chansons très catchy. Des petites et courtes chansons, mais ultra efficace par leur feinte simplicité. Si quelqu'un d'extérieur à notre monde essayait de se faire une idée de ce qu'est la scène Garage contemporaine, avec les Wildmen il ne tomberait pas loin du sommet.
La production du Outside Inside studio est claire mais puissante notamment dans la mise en valeur des différents sons de guitares. Et de la voix. Le chanteur n'est pas exceptionnel il ne fait pas d'esbroufe, mais il impose sa personnalité. Pas mal de rythmes trépidants mais pas monolithiques. Pas mal de OOh OOh et de Ah Ah Ah rendent chaque chanson judicieusement accrocheuse. Un discret hommage à la filiation Kinks / Billy Childish. Et surtout pas de moments faibles. Au contraire un album mémorable en intégralité. De la joie en barre !
[BT]

REVEILLE
Broken machines, LP, CD, Digital
Clapping Music / La Baleine -  Believe
Voici un joliment réussit album, très Indie Pop bricolo. Deuxième album pour ce trio drivé par François Virot (entre autre de Clara Clara, que je ne connais pas, mais maintenant j’ai envie de découvrir). Un son assez simple au service de compos qui ne conservent que la quintessence des chansons. Non pas des ébauches ou seulement le squelette mais ce qui en fait la sève et l'unicité. Pas d'esbroufe. Ce qui n'empêche pas une certaine complexité dans le song writing. Une sorte de juste équilibre !
Un côté Indie US 90 plutôt marqué mais sans aucune redite. Ni côté passéiste. Car la musique de Reveille est aussi dans l’air du temps (c'est-à-dire qu’elle puise dans pas mal de choses différentes en même temps pour faire émerger SA personnalité).
La musique de Reveille tient beaucoup sur la beauté de ses 2 voix, masculine et féminine, qui assurent alternativement le chant lead et apportent chacune une personnalité et une diversité aux chansons ! Même si c’est la voix de François Virot qui tient le chant le plus souvent, une belle voix, comme rarement chez un homme.
Pas de gras sur ce disque, et surtout : rien à jeter.
[BT]

ROLL IT
The Orphaned Country, CD
Autoproduction
2ème EP pour ce quatuor rennais (encore qu'avec 6 titres on tire plus vers le mini album). Apparemment leur 1er était plutôt Folk Rock, là on est plus dans un croisement entre Indie et Rock du terroir (mais genre Sud swampy comme terroir). Les 2 guitaristes chanteurs assurent le chant lead à tour de rôle ce qui donne une personnalité et un charme différent à chaque chansons.
Musicalement le cœur de Roll It balance entre tradition et modernité ce qui là aussi fait partie du charme du disque.
Qui, de plus, sonne très homogène. Avec une bonne prod' qui sait être vaste et respirante, mais sans esbroufe donnant de l'ampleur aux chansons qui sont d'un format assez long, s'étirant judicieusement, car elles ont assez de substance pour cela !
Difficile de donner une seule référence pour qualifier la musique de Roll It. Tant mieux. Disons des Left Lane Cruiser moins frénétiques mélangé à du cabaret berlinois, rencontrant un 16 Horsepower qui n'aurait pas perdu ses couilles, avec une très légère touche de Rock heroic (comme chez le premier Arcade Fire) et le tout baigné dans le Mississippi (celui mythifié qui a alimenté les Bad Seeds).
Une musique qui porte, et envahie la tête, les oreilles, et, peut-être même l'âme.
[BT]


lundi 20 janvier 2014

Kro:NEILS CHILDREN+ALPINE DECLINE+ABUS DANGEREUX n°129

NEILS CHILDREN
Dimly Lit, LP, CD, Digital
Boudoir Moderne / Echo Orange
Pour son nouvel album ce ‘vieux’ groupe anglais (démarré en 1999) semble avoir pas mal réorienté sa musique. Jusque là je n’avais jamais rien écouté d’eux, mais là quel EXCELLENT ALBUM ! Ok Neils Children sont tombé dans la marmite Psychédélique. Mais dans la meilleure. Loin des minets hipsters, eux sont très marqués par la veine Weird Folk Sixties anglaise, et ont une vraie personnalité ! Avec une production ample, spatial et assez unique, notamment grâce aux sons de claviers, surtout celui qui sonne comme un orgue à soufflet turc et qui amène une puissance ‘mystique’ à leurs chansons. Pas mal de tambourin sur certains titres, une utilisation fine des cymbales… donc un son aigue, mais pas aigrelet ni pénible.
Cet album semble révéler une nouvelle facette à chaque écoute. Peut-être est-ce vraiment ça l’essence du psychédélisme : la capacité à montrer / créer / réinventer une réalité mouvante ; lutter contre l’esprit figé…
Souvent mélancolique leur musique n’est jamais triste avec parfois même de beaux moments de joie. Un album vraiment complexe, et réussit de bout en bout dense et intense avec des mood changeants et des grands titres. Une œuvre marquante !
[BT]
En concert : Mardi 28 Janvier : JACCO GARDNER (Pop Psyché, Trouble In Mind Rds, Pays Bas) + NEILS CHILDREN (Excellente Pop Psyché, Uk), au Marché Gare, à Lyon

ALPINE DECLINE
Go big shadow city, LP, Digital
Laitdbac Rds
J’ai découvert ce groupe par hasard avec son album précèdent qui m’avait beaucoup accroché. Donc quand j’ai vu le nouveau je me suis jeté dessus. Et il m’a plu tout autant ! Celui-ci continuant à creuser le sillon qu’ils ont commencé à ouvrir.
Comment décrire la musique d’Alpine Decline ? Dark Shoegaze Noisy ? Se serait trop réducteur.
Dans ces 11 titres en 47 mn on trouve des guitares brumeuses et dissonantes, mais ces dissonances servent à la construction des ‘chansons’, bien qu’on soit loin du format couplet / refrain force est de constater que le résultat c’est bien celui-là : des chansons. Car bien que souvent sous jacente la mélodie n’est pas absente de la musique d’Alpine Decline. Notamment dans le chant. Qui peut se faire aussi bien lamentation ou agression. Les titres se déversent souvent les uns dans les autres, ce qui crée une sorte d’hypnose avec une musique qui ne semble jamais cesser de vous entourer.
En plus des guitares, de la voix et des effets le groupe utilise aussi intelligemment le piano, l’orgue, voir les synthés et des sonorités un peu inhabituelles (sur une intro il me semble entendre un harmonica de western spaghetti passé à travers une pédale d’effet) qui sont la richesse de ce 3ème album ! Une richesse qui se manifeste par petites touches impressionnistes qui constituent le paysage sonore de ce disque.
[BT]

ABUS DANGEREUX N°129
44 pages imprimes + CD sampler. 5 euros
Déontologiquement je dois vous dire qu’actuellement je fais parti de la rédaction de ce vénérable (26 ans) méga fanzine. Mais bon, je le précise surtout parce que ça fait du bien à mon ego. Avant d’écrire dedans j’étais abonné. Et, encore maintenant, la découverte de l’enveloppe le contenant dans ma boite aux lettres me fait toujours saliver !!!
Surtout que dans celui-là il y a un parquet d’interviews de groupes que j’adore !!! Left Lane Cruiser (sur 3 pages) qui font en plus la très belle couverture couleur de ce n°129. Red Fang JC Satan / Slow Slushy Boys / Joseph Arthur / Imperial Tiger Orchestra… rien que ça comme sommaire ça calmerait déjà bien.
Mais en plus Monsieur Alain Feydri se fend de 2 pages sur le retour des Oblivians. Il y a aussi au sommaire 2 pages sur les livres et fanzines ayant attrait au Rock. 2 pages de compte rendus de concerts + 2 autres de photos de concerts signées Manu Wino.
Plus des découvertes succulentes : Tom Rosenthal / Verone / Petit Fantôme / le label de Caen WeWant2Wecords / Chapi Chapo et les Petites Musiques de Pluie / Glitterbeat (le sous label de Glitterhouse Rds spécialisé dans la musique du désert saharien au sens très large qui est aussi un projet d’aide à la création musicale dans ces pays là http://www.glitterbeat.com).
Et comme si ça ne suffisait pas : A Terrible Splendour / Rikkha / le sur-actif Frédéric D. Oberland (je ne vais pas lister tous les groupes, projets, disques où il est impliqué… reportez-vous à cette interview pour en savoir plus) / Touché Amoré (qui contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser est un groupe Emo-Core californien).
Pour finir 2 pages d’interview sur la réactivation du mythique label havrais : CLOSER Rds (un entretient mené par Philippe Couderc de Vicious Circle qui est matière de label en connait un rayon).
Et pour faire bon poids : 11 pages de chroniques de disques !!! De quoi faire un max de découverte et donner envie encore et toujours d’écouter un maximum de musiques différentes.
Les groupes/artistes en gras ont un titre sur le CD sampler qui accompagne ce n°129.

Le tout pour seulement 5 euros.

Toutes les infos utiles ici : http://www.abusdangereux.net/

Abonnement pour 5 numéros = 20 euros. Les premiers à s’abonner avec ce numéro pourront gagner : le nouvel album des Hateful Monday ou le livre It’s Not Only Rock’n’Roll : Sexe, Drogues et Sagesse du Rock ou l’album de Rikkha ou celui de Chapi Chapo & les Petites Musiques de Pluie…

Vous savez ce qu’il vous reste à faire : http://www.abusdangereux.net

[BT]

mercredi 15 janvier 2014

Chroniques : PYPY + GLOCKENSPIEL

PYPY
Pagan Day – LP, CD
Black Gladiator / Slovenly Rds
Je me rends compte en écrivant cette chronique que je n’aurai pas dû dormir pendant les cours sur l’alchimie, ainsi je serai capable de vous expliquer pourquoi les mélanges qu’on retrouve à l’intérieur de la musique de ce groupe font que je la trouve formidable. Celle-ci plutôt qu’une autre. Indie Psych Punk + Post Punk dansable + voix de peste + gros son bien clair et puissant (et… précis). 7 titres pour 32 mn, plutôt diversifiés avec des ambiances changeantes. Un gros boulot sur les voix : le chant féminin étant primordial, mais pas unique tout au long des chansons. PyPy est le side project de certains membres de la prolifique scène montréalaise, on retrouve mêlé là-dedans des CPC Gangbangs / Red Mass et Duchess Says. Mais cet album sonne vraiment comme celui d’un groupe ! C’est excitant, puissant, dansant (enfin dans une certaine mesure). Surement le truc le plus Indie sortit chez Black Gladiator/Slovenly Rds, avec le son le plus ‘clean’ mais avec suffisamment de couilles dedans pour bien vous régaler ! Ça s’écoute encore et encore. Et c’est le pied !
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GLOCKENSPIEL
Dupleix – LP, CD
Babel Label / Harmonia Mundi
Duo instrumental guitare (Adrian Dollemare) batterie (Steve d’Enton) qui publie là son 2ème album dans une formation / formule différente de son premier. Rencontre de l’Ambiant Post Rock et de la musique improvisée, Glockenspiel propose des plages instrumentales où les drones de guitare créent des vagues mélodiques qui viennent se caramboler avec des passages Noisy Free Jazz. C’est assez tripant. Parfois planant. Avec un côté Space Rock (un peu). Ou Kraut. C’est beau, aussi. A part la plage n°2 qui s’étire sur 11 mn (qu’on ne voit pas passer) les 4 autres compos / impros ne dépassent pas les 6 mn. Ce qui ne devrait pas effrayer les ‘Rockers’. Sorte de croisement de l’univers de certains disques de chez Tzadik et d’autres de chez Sulatron Rds avec des éléments Post Rock (mais pas dans son acceptation française prétentieuse et geignarde) avec une dose de Noise Rock pour muscler le tout. Une vraie découverte, un beau disque, qui sort judicieusement chez Babel Label, une maison de qualité et de goût !

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lundi 6 janvier 2014

Chroniques : SONIC ANGELS + JIM YAMOURIDIS

SONIC ANGELS
On the Island of Ghost Love, LP
Je suis tombé amoureux de ce trio montpelliérain avec son 1er album ‘Times are changing’ de 2006, et depuis je suis très attentivement leur production. Voici donc leur quatrième qui est cette fois co-produit par leur label Speed Rds, et les américains d’Hovercraft Rcds. Un disque comme toujours enregistré par leurs soins à la ‘maison’ c'est-à-dire au Subsonic LE lieu que les fans de Rock à Montpellier & environs connaissent bien. Contre vents et marrées les Sonic Angels continuent à avancer et à tourner, tourner, tourner et faire tourner les autres aussi.
Mais revenons à l’album qui frappe de prime abord par sa pochette qui est comment dire, laide ? Ce qui est plus que sûrement prémédité, cette fausse 3D sonnant comme le symbole d’une cette époque qui croit se donner de l’épaisseur avec ce procédé technique… Le titre de l’album n’est pas d’une franche gaîté mais le disque est assez équilibré, avec de vrais moments de joie de vivre dedans comme ce ‘Hawai forever’ qui sonne comme de la musique de là-bas mais réappropriée par les Sonic Angels !
Et c’est d’ailleurs ce que j’aime particulièrement chez ce trio, le fait qu’il pratique un Rock qu’il est impossible de faire rentrer dans une case (bien trop agité, brillant, personnel et frondeur pour cela). Pèle mêle dans leur musique on trouve (ensemble, ou séparément) du Garage Rock, du Punk et du Proto Punk, de la Pop, de la Power Pop, des cotés australiens et suédois, du psyché (mais pas comme en font les minets de Frisco)… Et une pléthore de putain de BONNES CHANSONS. Attention cet album n’est pas immédiatement impactant, mais comme il est fait pour les vrais accros de musique, ses chansons se livrent à vous progressivement pour que le plaisir de l’écoute soit renouvelé à chaque fois. J’ai ce disque depuis plus de trois mois et j’y découvre encore plein de choses.
Un album, un vrai, palpitant, riche et complet de bout en bout !
[BT]

JIM YAMOURIDIS
The true blue skies

Vous pouvez participer au financement de cet album ici : http://www.microcultures.fr/jimyamouridis/?lang=fr

Quand je pense à Jim Yamouridis il me vient à l’esprit 2 choses : sa grande élégance, vestimentaire, et, dans sa relation aux autres. Ainsi que sa prestation lors d’un concert gratuit que j’avais organisé, où, seul sur scène avec sa guitare non amplifiée et sa voix, la force de sa présence a inciter les quelques 300 personnes présentent à s’asseoir pour écouter quasi religieusement sa musique. Un souvenir très marquant. Et qui déclenche de grandes attentes à chaque fois qu’un de ses disques m’arrive entre les mains. Jusqu’ici je n’ai pas été déçu Ce 4ème album étant largement à la hauteur de ce que j’espérais !
Ce que j’aime bien dans les albums de Jim Yamouridis c’est son côté peintre pointilliste, avec quasi rien il écrit de grandes chansons ! Bien sûr ce qui marque immédiatement les auditeurs c’est sa voix, dans un registre profond et grave à la Johnny Cash, mais sans en être aucunement une imitation. D’ailleurs toute le musique de Jim Yamouridis ne se réfère à personne. Prenant par ici et par là l’australien d’origine grecque émigré en France conçoit son travail comme sa vie par petites touches diversifiées auxquelles il donne une force et une cohérence qui fait savoir que vous êtes en présence de SA musique. Folk, Country, venant de partout pour n’arriver qu’à lui !
Du rêve. De la vraie beauté !
[BT]