samedi 28 novembre 2015

Chro : MOONRITE /The JACKETS + TALIA + KYLESA + MATHIAS ENARD



MOONRITE + The JACKETS, mercredi 4 novembre, le Maily’s, Grenoble
Le pédigrée des deux frangins faisait bien saliver par avance. Ce qui fut confirmé par les deux titres révélés sur leur Facebook. Et par ce deuxième concert de l'histoire de Moonrite. Pour le moment tout marche par deux chez eux, le talent aussi est double !
Musicalement on oscille entre une inspiration qui vient du 60's Rock, entre Organ & Garage et via le Crazy World Of Arthur Brown (ça fait plaisir de tomber sur un groupe qui se revendique d'eux) on bascule vers des titres plus sombre tribal horrorifique qu'on verrait bien en bande originale de film de sorcières des 70's flamboyante, et qui pourraient allé vers la musique que certains groupes de Shock Rock comme on l'aime chez Rise Above Rds.
Enfin ça c'est pour donner un cadre assez large, qui devrait être confirmé par leur 1er album à venir chez Soundflat Rds (attendu impatiemment ici) pour le prochain printemps. En attendant ils étaient là devant nos yeux et plein nos oreilles au Maily's et putain quel pied !
Puissance et mélodie, danse et tripale... Comme du Garage Kraut Stoner Punk mais avec la  saveur unique que leur donne leur formule.
J'espérais que ce concert serait bon.
Il fut colossal !!!


Après ça je me disais qu'il ne serait pas évident au trio suisse d'enchainer devant un public venu nombreux mais quand même beaucoup par curiosité pour découvrir Moonrite.
Mais bien sûr il n'en fut rien !
The JACKETS sont sans conteste LE meilleur groupe live de la scène Garage Punk européenne.
Une rythmique acérée, puissante et précise (genre les Woggles de la meilleure époque)
Et une guitariste qui utilise la Fuzz de façon parfaitement mélodique et accrocheuse qui sert des chansons qui sont des instant-hit.
Et bien sûr il y a sa voix ! C'est tellement mieux pour un groupe d'avoir LA chanteuse idéale pour son style. D'autant que c'est en plus une bête de scène capable de conquérir toute l'assistance sans en faire des tonnes. C'est d'ailleurs une des immenses qualités des Jackets : la justesse de ce qu’ils font : AU MAX sans jamais trop tirer la couverture à soi !!!
Il y a 7 ans je voyais les Jackets pour la 1ère fois sur scène et ça reste un des 20 concerts (sur presque 1500) que j'ai préféré dans ma vie !
Ce soir-là à Grenoble ils / elle ont tout simplement confirmé cet état de fait !
J'ai dansé, sauté, chanté, hurlé comme un crétin ! Une pure libération !!!
Retour à la maison les fringues direct dans le tambour de la machine à laver et le bonhomme sous une douche brulante pour éliminer toute la sueur qui avait coulé à flot...
Je suis tellement heureux d'avoir vu un concert de ce type et 2 groupes aussi excellent que ça à Grenoble.
Bravo à tous ceux et celles qui ont rendu cela possible
Et VIVEMENT LE PROCHAIN !
(Merci à Monsieur Chris Youks pour les photos)
[BT]


TALIA
Thugs they look like angels
Send The Wood Music / Season Of Mist
3ème album pour ce trio qui est une découverte pour moi. Et quelle belle découverte !
Une sorte de collision musicale entre les Pixies, Fall Out Boys et Jimmy Eat World. Je sais que ces deux derniers n’ont pas une grosse cote par ici, pour autant ceux qui aiment les mélodies musclées un peu amer et les chansons qui ont du fond savent de quoi je veux paarler.
Talia me rappelle aussi  parfois Buffalo Tom quand ils se concentraient sur des titres directs et tendus.
A sa réception puisqu’il est distribué par Season Of Mist je m’attendais à un album orienté Métal, pourtant la pochette aurait dû me mettre sur la voie, comme le titre de ce disque…
Alors Talia un groupe Post Emo Core qui aimerait la Power Pop et l’Indie Rock sauce 90’s ? Indéniablement !
Tout autant qu’un trio qui perpétue la tradition du Power Trio qui balance avec élégance et brio un Rock musclé et bien Pop, avec l’obsession de ciseler des chansons intelligentes et efficaces. Le tout en faisant valser les étiquettes !
[BT]


KYLESA
Exhausting fire, LP, CD, Digital
Season Of Mist
Pour les grincheux qui pensent que rien ne s'invente de nouveau en musique, ce début de 21ème siècle montre le contraire avec l'émergence de cette très excitante scène ‘Post Métal’. Si certains de ces ses membres déçoivent depuis quelques temps (Baroness est devenu très ennuyeux, Mastodon est rentré dans la norme depuis 2 albums) KYLESA prouve une fois de plus leur maitrise, leur ambition et leur talent.
Ici les titres s'enchainent ce qui donne un côté concept album et fait partie des éléments qui apporte un vent un peu Progressif à ce disque. Pourtant les parties Métal et Post Hard Core sont toujours bien là ! Cette fois Kylesa semble avoir encore plus synthétisé ce qui fait son unicité : le côté légèrement polyrythmique grâce à la présence d'un percussionniste en plus du batteur, les duels de guitares Noisy, que pondèrent parfois les claviers, et cette alternance entre les voix. Féminine et masculine, mais aussi entre les passages mélodieux parfois feutrés et les moments hurlés qui restent cependant toujours en accord avec la musicalité du titre. Ici ça ne beugle pas, au contraire Kylesa a développé une technique et une sonorité de chant où l'agressivité et l'harmonie cohabite : impressionnant !!!
Une fois encore le travail sur le son et les tessitures sont subjuguant !
Tout ceci concourt à rendre cet album perçant, vibrant, remuant, tout à fait hors de la norme, ambitieux, grand et grandiloquent (dans le sens le meilleur de la chose).
Sa richesse harmonique, rythmique et l'étendue de son spectre en font une œuvre qui se redécouvre à chaque écoute, loin des disques cleanex qui pullulent.
Depuis 'Static tensions" Kylesa s'est clairement lancé dans une nouvelle direction musicale bien plus technique et ambitieuse, le chemin est beau et à chaque étape ils me donnent envie de les accompagner sur leurs pas de géants...
Voici le disque que j'ai le plus écouté / disséqué / aimé ces 2 derniers mois avec le Clutch. Un album plein sans aucun moment lassant.
Bien sûr ce qui marque dès le 1er passage c'est la gigantesque relecture façon Mazzy Star du 'Paranoid' de Black Sab, qui aurait pu totalement fagocité l'album tellement ils / elle refont un nouveau tube de cette chanson iconique. Cependant dès la 3ème écoute il apparaît que cette reprise n'est pas, et loin s'en faut, le meilleur titre de "Exhausting Fire".
Un album TITANESQUE !!!!
[BT]


MATHIAS ENARD
Boussole
Actes Sud
Voilà c'est la 1ère fois de ma vie que je lis un Goncourt (même si je l'ai fini la nuit précédant l'attribution du prix) mais au moins je suis sûr que celui-ci est très largement mérité.
Ça faisait peut-être 10 ans que je ne m'étais pas fait embarqué à ce point par le livre d'un romancier que je découvrais... Les derniers m'ayant fait cet effet-là ont été 'L'homme dé", et "Les rois écarlates" de Tim Willocks (avant que les critique ne le persuade qu'il est un grand écrivain et qu'il nous ponde des gros livres au lieu de grands livres).
Au niveau de la façon de tordre les phrases et d'utiliser le rythme ce 'Boussole' me fait un peu penser au meilleur de Nick Tosches ou à Philippe Garnier, 2 écrivains qui sont au sommet de mon panthéon. Comme eux Mathias Enard est un homme issu d'un monde ancien (perdu ?) où l'érudition était une valeur.
A travers ce roman il nous raconte cette époque révolue mais pas si lointaine, morte étouffée par l'ultra consumérisme égoïste, les réseaux sociaux et leurs réactions ultra conservatrices et barbares.
Je n'ai jamais rien lu de Mathias Enard avant cela et si j'ai ouvert ce roman c'était dans l'objectif de préparer une émission sur la rentrée littéraire. Bien m'en a pris !
On avance un peu lentement dans ce livre vaste comme un monde, et même comme plusieurs, qui vous écrase et vous englue... comme le désert.
Evidement ce roman trouve son origine dans la situation actuelle du Moyen Orient, c'est elle qui déclenche aussi la longue insomnie du narrateur qui est également, plus que clairement, la nôtre !
L'insomnie et la maladie, tout comme la décrépitude du corps de celui qui raconte ce sont les symboles de notre situation collective face à un monde qui nous fil entre les doigts et auquel on ne comprend plus rien !
Après avoir emprisonné la planète entre ses griffes l'occident est devenu un vieillard arthytique qui n'est plus capable de retenir les fils du pouvoir.
Pour une fois la 4ème de couverture est brillement écrite sans excès ni exagération c'est d'ailleurs ce qui m'a convaincu de lire ce roman. Et sachez que les excellentes critiques obtenus par ce sur-brillant roman ne sont pas exagérées.
Oui il y avait bien longtemps que je n'avais pas été aussi emballé et embarqué par un livre. Et encore plus longtemps qu'une écriture singulière n'avait pas fait entendre sa voix avec une telle force.
C'est aussi le récit d'un rat de bibliothèque qui a malgré tout la tentation et un peu d'élan pour partir se confronter au réel, mais est trop veule pour vivre vraiment sa vie et sa passion pour une femme à la très forte personnalité. Et qui donc la regarde et la raconte par procuration.
Une ode à l'intelligence, consolatrice dans ce monde où les cons ont pris le pouvoir. Sans doute parce que nous avons abandonné le combat.
[BT]



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