mardi 26 mai 2015

Chroniques : ACID BABY JESUS + MILES OVER MATTER + MANILLA ROAD



ACID BABY JESUS
Selected Recordings,
Slovenly Rds
Oui je sais encore un groupe affublé de l’étiquette Psyché. Mais avec les grecs d’Acid Baby Jesus on est loin des minets hipsters avec doigt sur la couture, ici la musique est sombre, rampante, menaçante.
J’avais déjà beaucoup aimé leur premier album, mais celui-ci est encore meilleur. On y sent une vraie progression et un groupe soudé par les tournées.
Enregistré sur une période de 2 ans ces 11 titres enchainés sans temps mort en 35 mn mettent l’accent sur les rythmes insidieux, souvent lents et bizarres, où se greffent la guitare et l’orgue qui souvent ne mégotent pas sur les effets. Ainsi qu’une belle liste d’instruments ‘exotiques’ utilisés avec discrétion et discernement. Au-dessus de tout cela se posent des voix qui sont là pour sublimer les chansons.
Ça fait du bien d’écouter un tel album qui revient à l’idée première du psychédélisme : ne pas se mettre de barrières, mais sans que ça ne vire au grand n’importe quoi. Un album, un vrai, cohérent et homogène. Une vraie réussite, surtout !
[BT]
En concert : Dimanche 31 Mai : DELACAVE (Gloomy Wave - Triple alliance internationale de l'est / Crest) + ACID BABY JESUS (Psych Garage Trash, Grèce, excellent),à La Griotte, à Die (26)


MILES OVER MATTER
The Vagabonds of Psychedelia: The Anthology 1980 – 82, CD
Detour Rds
Etrange disque que voilà : une compilation d’enregistrements disparates (14 en studio et 6 live) qui montre un groupe qui est certes rangé sous l’étiquette Psyché mais qui appartient en plein aux années 80. Miles Over Matter ayant fait partit de l’ephémère mini mouvement londonien du second summer of love et avaient mis 2 titres sur la fameuse compil « Splash Of Colour » de 1981.
Résultat : une musique qu’on pourrait qualifier de croisement entre Proto Punk, Revival Psyché, Post Punk… par moment ça me fait penser aux Banshees (sans Siouxie) ou au 1er album d’Adam & The Ants, à d’autres moments je pense aux Easybeats de la période flamboyante. Voir aussi à Material flirtant avec les limites du Dub blanc. Ou encore au jeune Costello, voir au JAM.
Bref carrément le grand écart… ce qui, en ces temps de formules musicales scolairement recrachées, apporte un salvateur vent de fraîcheur ! Un grand !!
Evidement ça rend le disque un peu hétéroclite mais jamais lassant.
Miles Over Matter a été une sorte de précurseur de la scène de Madchester. Comme un ovni certes, mais le genre qu’on laisse bien se glisser dans nos oreilles trop blasées.
Une vraie bonne grosse découverte !!!
[BT]


MANILLA ROAD
The Blessed Curse, 2LP, 2CD
ZYX Music
Pour les die hard fans (comme moi) chaque nouvel album de Manilla Road est une grosse attente. D’autant que depuis le milieu des années 2000 le groupe de Wichita est très en forme !
Donc forcément celui-ci je me suis jeté dessus. Et franchement une fois encore j’ai bien fait !
Comme depuis 4 ou 5 albums Manilla Road joue avec une partie de son propre héritage musical en brodant autour de mélodies et harmonies caractéristiques de leur style totalement unique, tout en additionnant cela  de choses nouvelles, pour proposer des disques vraiment intéressants.
Sur ce ‘The Blessed Curse’ il en est ainsi aussi !
Au rayon des différences : un son de guitare qui, si il reste totalement unique et propriété exclusive de Mark Shelton, à légèrement évolué dans sa sonorité. Suffisamment pour que ce soit perceptible dès la première écoute, sans que ce soit choquant.
On note aussi un gros travail sur les voix, leur addition / multiplication, leurs textures qui apportent une profondeur aux morceaux et une épaisseur au son.
L’alternance guitare saturé et acoustique au sein de pas mal de titres amène une vibe particulière et respirante à l’ensemble. Ainsi qu’une vivifiante complexité.
La rythmique tire le Heavy Metal Epic si unique de Manilla Road vers une dimension un peu plus ‘moderne’, sans, heureusement, tomber dans les travers du son totalement clinique qui sévit actuellement.
Quelques effluves Psychédéliques viennent colorer certaines chansons. Avec une utilisation inédite pour le groupe de gammes et mélodies orientalisantes.
Bref entre tradition et nouveautés Manilla Road propose avec ‘The Blessed Curse’ un très grand cru et une des pépites immanquables parmi sa longue discographie (17 albums au compteur) !
Un album rythmiquement et stylistiquement varié mais homogène, parfaitement équidistant entre le clacissisme de son style et renouvellement. Une sorte de solution à la quadrature du cercle.
Tout ceci aurait été suffisant pour rassasier leurs très exigeants fans et en conquérir de nouveaux, tellement cet album est brillant.
Mais comme un bonheur ne vient jamais seul le 1er Cd est accompagné d’un 2ème sous-titré ‘After the muse’ contenant 6 titres inédits (pour 50 mn de musique) de différentes époques de l’histoire du groupe, qui constituent bien plus qu’un banal disque bonus. Loin d’être des fonds de tiroirs ces morceaux restés inachevés sont présentés là dans des versions totalement abouties grâce à l’apport d’une paire de guests et surtout suite à la visite des muses de la création… (comme l’explique Mark Shelton dans les notes qui occupent la moitié des 12 pages du livret accompagnant le disque).
Si ‘The Blessed Curse’ n’est pas à proprement parlé un concept album cependant certains de ces titres ne trouvaient pas leur place en son sein, d’où ce 2ème CD. Hétéroclite certes mais tellement fort. Sur celui-ci Manilla Road montre que depuis les années 70 il a bousculé l’histoire du Heavy Metal pour imposer sa signature !
Un deuxième disque qui respire la liberté : de formes et de sonorités. Il propose quelques explorations musicales incroyablement fortes, vastes et excitantes. Ici on entend du Heavy Epic et Psyché, des digressions guitaristes incroyables avec parfois des plans acoustiques qui nous portent jusqu’au bord de la Weird Folk. Des passages planants alternent avec des plans plombant… je dirais le versant le plus Free de la musique de Manilla Road.
Certains morceaux se développant délicieusement sur près de 10 mn ce qui laisse le loisir à Mark Shelton et à ses gars (dont une paire de guests et d’anciens membres du groupes) l’occasion de bien démontrer à quel point ils sont un groupe unique !
La guitare si typique, la voix (voie ?) personnelle et le style inimitable de Manilla Road montre une fois encore ce qui le différencie de 99% de la production musicale !
Un nouveau disque avec deux facettes différentes pour doubler le plaisir !
[BT]

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